Hyperphagie et contrôle : séparer les deux inséparables

On pourrait se demander quel lien existe entre hyperphagie et contrôle. D’ailleurs, de quel contrôle parle-t-on? Cependant, après avoir vécu l’hyperphagie et ses turpitudes, le lien entre les deux est indéniable. Et c’est pourquoi je tenais à vous en parler aujourd’hui.

Nous verrons aujourd’hui les différents types de contrôles, comment on peut les éviter et nous verrons finalement le rapport au sport : contrôle ou non?

Hyperphagie et contrôle : quels contrôles?

Le contrôle de la nourriture

Ce contrôle est peut-être le plus évident en lien avec les TCA (Troubles du comportement alimentaire). Lorsque l’on souffre d’hyperphagie, on tente de se restreindre sur un certain type de nourriture. Soit parce que cette nourriture est source de crises, soit parce qu’elle n’est pas vue comme acceptable. La liste des aliments “mal vus” varie en fonction des personnes. Cependant, un socle assez commun existe, bercé par la télévision et les magazines divers. Le fromage, les gâteaux apéritifs, la pizza, les burgers, … sont vus comme non adéquats.

Cependant, vouloir s’empêcher de manger certains aliments va renforcer l’envie qu’on a d’en manger. Comme l’enfant que nous étions. Pour qui tout interdit devenait source de convoitise. Le cerveau tourne alors en boucle pour tenter d’avoir cette dose de nourriture. Et plus la frustration est grande, plus les quantités mangées en retrouvant cet aliment peuvent être insatiables.

Le contrôle du physique

J’entends ici le contrôle du poids via la balance. Pas de manière raisonnée mais limite compulsive. Avec plusieurs pesées par semaines. Et des pesées qui ont un impact sur tes messages intérieurs.

Ou bien le contrôle du physique via des mesures. Encore une fois, pas de manière raisonnée.

Cette manie de vouloir absolument changer, de se mesurer (quelle que soit la mesure) après crise pour se rassurer sur les dégâts. Les mesures parce que tu n’as pas fait de crise pour vérifier que tout va bien. Mais aussi les mesures parce que les appareils de mesure sont à portée de main et, bon, “pourquoi pas?”.

Ces contrôles créent un sentiment de pouvoir lorsque tout se passe bien. De fierté même peut-être. Mais ils restent une source de rechute dans les crises quand les résultats ne sont pas bons. Ou même quand ils sont bons pour certaines.

Le contrôle des émotions

Bien souvent, on te parle de gérer tes émotions, de contrôler tes émotions. Peut-être même depuis l’enfance. C’est pas beau de se mettre en colère. Il ne faut pas pleurer. Il ne faut pas trop montrer sa joie. Et les exemples de notre société sont nombreux.

Et pourtant, une émotions, nous ne devons pas chercher à la contrôler. Toutes nos émotions sont en phase avec notre intérieur. Vouloir les contrôler, c’est s’empêcher d’être soi. Et cela crée des dissonances en toi qui provoquent des crises.

Hyperphagie et contrôle : comment moins contrôler?

Nous avons vu différents types de contrôles qui peuvent jouer sur l’hyperphagie. Et si nous voyions maintenant comment faire diminuer ces contrôles?

Manger de tout

Afin d’éviter les frustrations, manger de tout va être nécessaire. Et l’accepter également. Pas se dire que, parce que c’était pizza ce midi, ce sera salade ce soir. Non! La pizza est un aliment qui convient parfaitement. La manger en entière n’est pas une obligation. Tu peux la manger sur plusieurs repas si tu sens ta satiété arrivée.

Et le soir? Vois simplement de quoi tu as envie. Salade, soupe, pâtes, légumes, viande, poisson, plats cuisinés, etc.
Mange selon ta faim, pas selon ce qui te semble acceptable. Tous les aliments vont te nourrir. Plus ou moins vite, plus ou moins bien en te faisant plus ou moins plaisir.

Aujourd’hui, si tu contrôlais tes aliments, ton but premier va être d’accepter de manger de tout à nouveau. Et ce n’est pas forcément facile au départ. Parce que tu connais certainement certains aliments qui te font partir en crise en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Mais ton corps a besoin de savoir que ces restrictions ne seront plus.

Et la fin de ces restrictions ne sont pas pour 1 semaine ou pour le temps d’un régime. Cela doit être pour ton bien, pour le reste de ta vie. Arrête de te frustrer sur la nourriture. Prends plaisir à manger.

Retirer les éléments de mesure

La balance et le mètre de couturière… il faut qu’on en parle et on le sait toutes les deux. Est-ce que je vais te recommander de les jeter par la fenêtre? Non. Parce que c’est bien de regarder son évolution et qu’on ne sait jamais qui passera sous la fenêtre à ce moment-là.

Retire ces éléments de ta vue quotidienne déjà. Et fixes-toi une date de mesure. Au début, ce sera peut-être une fois par semaine, puis par quinzaine, puis par mois et par trimestre.
Le but n’est pas d’arrêter de voir sa progression (quel que soit le sens). Le but est d’arrêter d’y être accro. Et tu verras que, au début, ce ne sera pas forcément facile. Tu auras envie de recommencer mais tiens bon. Vois combien de jours tu as passé, combien il t’en reste, compte les dodos. Prends la méthode qui te va le mieux mais espace tes mesures.

Se mesurer une fois par mois ou trimestre va te permettre d’avoir une meilleure vue d’ensemble de ton évolution que les mesures quotidiennes ou plus.

Respiration et méditation

Si tu ne dois pas gérer ou contrôler tes émotions, il va falloir que tu apprennes à les accueillir.

Si cela te fais peur, dis-toi que la durée d’une émotion est de quelques secondes dans ton corps. Ce qui se passe après, c’est que cette émotion se transforme en sentiments. Accueille ces sentiments aussi. Ils sont toi.

En travaillant ta respiration et des exercices de méditations, tu pourras plus facilement accueillir tes émotions par la respiration, en te centrant sur toi et tes ressentis. D’abord avec les émotions qui ne prennent pas trop de place. Puis, au fur et à mesure, avec celles plus difficiles.

La respiration et la méditation vont te permettre également de retourner au calme après des émotions intenses.

Hyperphagie et contrôle : quid du sport?

Le sport reste une grande interrogation pour beaucoup d’hyperphages. Le sport est-il contrôle ou non? On nous dit de faire du sport mais le sport est un moyen de compensation pour les boulimiques.

Le sport comme élément de contrôle

Comme je l’avais déjà évoqué, la frontière entre la boulimie et l’hyperphagie peut être mince. C’est pourquoi il faut savoir pourquoi tu mets en place ce sport et c’est ce qui va faire toute la différence.

Le sport devient un élément de contrôle lorsque tu le mets en place pour perdre du poids, pour que ton mètre te donne les bons chiffres, pour court-circuiter les crises. Hyperphagie et sport deviennent alors éléments de contrôle et tu es alors non plus dans l’hyperphagie mais dans une forme de boulimie (via la compensation par le sport des crises).

Les sports généralement prisés sont des sports qui vont faire travailler le cardio, du renforcement musculaire ou autre. Difficile de débuter par ces sports après une inactivité sportive. Et difficile de maintenir la motivation si les résultats ne sont pas au rendez-vous.

Et le sport comme élément de plaisir

Oui, je sais que beaucoup me croient folle mais on peut prendre plaisir à pratiquer du sport ou une activité physique. A partir du moment ou l’effort est adapté à soi, qu’il y a une bonne ambiance et que l’on aime le sport en question.

Et c’est là que va être la différence. Tu ne feras pas du sport pour atteindre des objectifs chiffrés mais des objectifs de bien-être et de dépassement de soi. Tu auras peut-être du mal au début. Puis, au fur et à mesure, tu verras que c’est de plus en plus facile. Et tu auras envie de tester tes nouvelles limites.

Les sports prisés ici sont les sports que tu aimes ou que tu as envie d’essayer. Cela va de la marche, natation, vélo, au surf, ski et autres sports que tu as la chance de pouvoir pratiquer par chez toi.

Hyperphagie et contrôle : conclusion rapide

L’hyperphagie comme les autres troubles du comportement alimentaire est une maladie qui cherche un grand contrôle sur soi. Or, plus le contrôle est présent, plus les risques de crises sont présents également.

Apprendre à lâcher le contrôle pour aller mieux. Apprendre également à accepter que le chemin puisse prendre du temps car cela demande un vrai travail sur soi (physique et mental). Tu ne t’es pas construite en un jour, offre toi le temps de te séparer de l’hyperphagie.

Quels contrôles as-tu personnellement? Te sens tu prête à lâcher prise dessus? Comment? Viens partager cela avec nous dans le groupe privé Facebook.

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